La rénovation d'un logement ancien représente un défi passionnant à la croisée de la préservation patrimoniale et de l'adaptation aux standards contemporains. Ces bâtisses chargées d'histoire recèlent une identité architecturale précieuse que de nombreux propriétaires souhaitent valoriser tout en bénéficiant du confort moderne. L'enjeu majeur consiste à effectuer une transformation respectueuse qui conserve l'âme et le caractère authentique de ces demeures, tout en les rendant plus fonctionnelles et économes en énergie. La richesse des matériaux d'origine, l'élégance des proportions et le savoir-faire artisanal d'antan constituent un socle précieux qu'il convient d'intégrer judicieusement dans une vision contemporaine du logement.
Cette approche de rénovation respectueuse requiert une expertise pluridisciplinaire alliant techniques traditionnelles et innovations modernes. Elle nécessite de comprendre comment ces bâtiments ont été conçus pour fonctionner, notamment en termes de circulation d'air et d'humidité. L'équilibre entre préservation du patrimoine et intégration des normes actuelles représente le cœur de cette démarche, avec pour objectif d'offrir un habitat performant qui transcende les époques tout en conservant son identité culturelle. À travers les différentes étapes de ce processus complexe, les propriétaires peuvent transformer leur bien ancien en espace de vie alliant harmonieusement héritage architectural et exigences contemporaines.
Évaluation structurelle et préservation du patrimoine architectural
L'évaluation structurelle constitue la fondation de tout projet de rénovation d'un bâtiment ancien. Cette étape cruciale permet d'identifier l'état réel du bâti, ses points forts et ses faiblesses, afin d'élaborer une stratégie d'intervention pertinente. Une analyse approfondie révèle souvent des qualités intrinsèques remarquables : inertie thermique naturelle des murs épais, ventilation passive efficace, matériaux nobles aux propriétés hygroscopiques équilibrées. Cette compréhension fine de l'existant constitue le socle indispensable pour envisager des modifications respectueuses qui préserveront l'intégrité structurelle et esthétique du bâtiment tout en l'adaptant aux usages contemporains.
La préservation du patrimoine architectural implique une responsabilité envers l'histoire et la culture qu'incarnent ces bâtiments. Chaque intervention doit s'inscrire dans une logique de conservation intelligente qui maintient l'authenticité et le caractère unique de l'édifice, tout en permettant son évolution. Cette démarche nécessite une connaissance approfondie des techniques constructives d'époque et des matériaux traditionnels utilisés, afin d'assurer une compatibilité optimale entre l'existant et les nouveaux éléments intégrés.
Diagnostic du bâti ancien : techniques de sondage et relevé des pathologies
Le diagnostic approfondi d'un bâtiment ancien nécessite des méthodes spécifiques adaptées aux matériaux et aux techniques constructives historiques. Les sondages destructifs permettent d'observer la composition des parois et de détecter d'éventuels désordres cachés, tandis que les techniques non invasives comme la thermographie infrarouge ou l'analyse hygrométrique révèlent les zones fragilisées sans compromettre l'intégrité du bâti. La cartographie précise des remontées capillaires, infiltrations ou condensations constitue une étape fondamentale avant toute intervention.
Le relevé systématique des pathologies doit être méthodique et documenté avec précision. Les fissures structurelles, déformations de planchers, attaques biologiques (mérule, capricorne) ou altérations des enduits sont autant d'indicateurs de l'état sanitaire global du bâtiment. Cette analyse permet d'établir une hiérarchisation des interventions en priorisant les travaux de stabilisation et d'assainissement indispensables à la pérennité de l'édifice. Un diagnostic complet inclut également l'identification des désordres évolutifs qui nécessitent une surveillance particulière au cours du projet.
Conservation des éléments d'époque : moulures, boiseries et ferronneries art déco
La valeur patrimoniale d'un logement ancien réside souvent dans ses éléments décoratifs d'origine qui témoignent d'un savoir-faire artisanal remarquable. Les moulures, qu'elles soient en staff ou en plâtre, nécessitent une attention particulière lors des travaux. Leur conservation implique des techniques de nettoyage douces, de réparation à l'identique et parfois de reproduction partielle quand les dégradations sont trop importantes. Pour les boiseries, un décapage respectueux suivi d'une protection adaptée permet de révéler la noblesse du matériau tout en lui assurant une nouvelle longévité.
Les ferronneries Art Déco, avec leurs lignes géométriques caractéristiques, constituent des éléments distinctifs précieux. Leur restauration fait appel à des techniques spécifiques comme le décapage chimique contrôlé, le traitement anti-corrosion et la mise en peinture selon les méthodes traditionnelles. Cette démarche minutieuse permet de préserver l'authenticité de ces pièces d'exception tout en les intégrant harmonieusement dans un environnement modernisé. L'intervention d'artisans spécialisés dans ces savoir-faire traditionnels garantit un résultat respectueux de l'héritage architectural.
Analyse des matériaux traditionnels : pierre de taille, pisé et pans de bois
Les matériaux traditionnels confèrent aux bâtiments anciens leurs caractéristiques uniques tant esthétiques que techniques. La pierre de taille, avec ses propriétés de régulation hygrométrique naturelle, nécessite des interventions spécifiques qui respectent sa porosité et sa capacité à "respirer". Les techniques de nettoyage privilégient des méthodes douces comme la nébulisation ou le gommage à basse pression, tandis que les reprises de maçonnerie doivent utiliser des mortiers compatibles, généralement à base de chaux naturelle, pour éviter tout désordre futur.
Le pisé et les constructions en terre crue présentent des défis particuliers en raison de leur sensibilité à l'humidité. Leur préservation repose sur une compréhension fine de leurs comportements hygrothermiques et sur l'utilisation de techniques adaptées pour les réparations et les finitions. Les pans de bois, quant à eux, nécessitent une expertise en charpenterie traditionnelle pour le remplacement des pièces altérées et un traitement préventif contre les insectes xylophages. Dans tous les cas, l'analyse précise de la nature et de l'état des matériaux originels guide les choix d'intervention et garantit la pérennité des rénovations.
Intervention sur des bâtiments classés : réglementation et subventions DRAC
L'intervention sur un bâtiment classé ou inscrit au titre des monuments historiques implique de se conformer à un cadre réglementaire strict. Toute modification, même mineure, nécessite une autorisation préalable des services de l'Architecte des Bâtiments de France (ABF) et parfois de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). Ces contraintes, bien que pouvant paraître limitantes, garantissent le respect de l'intégrité patrimoniale et la qualité des interventions. La constitution d'un dossier détaillé présentant les travaux envisagés et les techniques employées constitue une étape incontournable.
En contrepartie de ces exigences, différents dispositifs de soutien financier existent pour accompagner les propriétaires. Les subventions de la DRAC peuvent couvrir jusqu'à 40% du montant des travaux pour les immeubles classés et 20% pour les immeubles inscrits. La Fondation du Patrimoine propose également des aides financières et un accompagnement technique, tandis que certaines collectivités territoriales ont développé leurs propres programmes de soutien à la rénovation patrimoniale. Ces dispositifs constituent un levier important pour entreprendre des restaurations de qualité, respectueuses de l'histoire du bâtiment.
Solutions techniques pour la rénovation énergétique des logements anciens
La rénovation énergétique des bâtiments anciens représente un défi technique majeur qui nécessite une approche spécifique, bien différente de celle appliquée aux constructions récentes. L'amélioration des performances thermiques doit s'effectuer dans le respect du fonctionnement hygrothermique original de ces édifices, sous peine de générer des désordres graves comme des condensations internes ou des moisissures. L'objectif n'est pas d'atteindre à tout prix les standards des constructions neuves, mais plutôt d'optimiser les qualités intrinsèques du bâti ancien tout en corrigeant ses faiblesses, pour obtenir un confort thermique satisfaisant sans dénaturer l'édifice.
Cette démarche suppose une compréhension fine des principes bioclimatiques souvent présents dans l'architecture traditionnelle : inertie des matériaux massifs, ventilation naturelle, protection solaire adaptée aux saisons. Les interventions d'amélioration énergétique s'inscrivent dans une stratégie globale qui prend en compte l'ensemble des paramètres : isolation, étanchéité à l'air, ventilation, chauffage et production d'eau chaude. Chaque composant du bâti (murs, toiture, planchers, ouvertures) nécessite des solutions spécifiques qui maintiennent l'équilibre hygrothermique tout en réduisant significativement les consommations d'énergie.
Isolation thermique adaptée aux murs en pierre : enduits chaux-chanvre et solutions perspirantes
L'isolation des murs en pierre requiert une approche radicalement différente de celle employée dans les constructions modernes. Les matériaux synthétiques étanches à la vapeur d'eau comme le polystyrène ou les laines minérales avec pare-vapeur sont généralement à proscrire car ils perturbent les échanges hygrométriques naturels. Les solutions perspirantes, qui permettent la migration de la vapeur d'eau tout en limitant les déperditions thermiques, constituent une alternative pertinente. Les enduits chaux-chanvre représentent une solution particulièrement adaptée, offrant une résistance thermique significative tout en maintenant la capacité du mur à réguler l'humidité.
L'isolation d'un mur ancien doit toujours favoriser la migration de la vapeur d'eau de l'intérieur vers l'extérieur, jamais l'inverse. Ce principe fondamental garantit la pérennité du bâti et la qualité de l'air intérieur.
D'autres matériaux biosourcés comme la fibre de bois, le liège expansé ou les panneaux de roseau offrent également d'excellentes performances pour l'isolation des bâtiments anciens. Leur mise en œuvre doit toutefois respecter certains principes essentiels : maintien d'une lame d'air ventilée côté extérieur pour les murs sensibles à l'humidité, absence de barrière étanche à la vapeur côté intérieur, et utilisation de fixations et d'enduits de finition compatibles avec le support d'origine. Cette approche perspiratoire permet d'améliorer significativement le confort thermique tout en préservant l'équilibre hygrométrique du bâti ancien.
Rénovation des fenêtres anciennes : survitrage et double fenêtre selon méthode chartier
Les fenêtres d'origine constituent souvent des éléments patrimoniaux de grande valeur qu'il est souhaitable de conserver. Plutôt que de les remplacer par des menuiseries standards, plusieurs techniques permettent d'améliorer leurs performances thermiques tout en préservant leur esthétique. Le survitrage consiste à ajouter un vitrage supplémentaire sur le châssis existant, créant ainsi une lame d'air isolante. Cette solution, relativement peu invasive, permet d'améliorer sensiblement le confort tout en conservant l'intégralité de la menuiserie historique.
La méthode Chartier propose une approche plus performante avec l'installation d'une seconde fenêtre complète, généralement posée côté intérieur. Cette double fenêtre crée un véritable sas thermique qui améliore considérablement l'isolation tant thermique qu'acoustique. La fenêtre intérieure, de facture contemporaine, peut intégrer un double vitrage performant, tandis que la fenêtre historique est maintenue et restaurée dans son état d'origine. Cette technique, largement éprouvée dans les pays nordiques, offre d'excellents résultats sans compromettre l'esthétique extérieure du bâtiment et permet d'atteindre des performances proches des standards actuels.
Planchers et combles : techniques d'isolation par insufflation de ouate de cellulose
L'isolation des planchers et des combles représente souvent le meilleur rapport efficacité/investissement dans la rénovation énergétique d'un bâtiment ancien. La technique d'insufflation de ouate de cellulose s'avère particulièrement adaptée aux configurations complexes des charpentes traditionnelles. Ce matériau biosourcé, issu du recyclage de papier, présente d'excellentes propriétés thermiques et acoustiques tout en offrant une bonne régulation hygrométrique. Son application par insufflation pneumatique permet d'atteindre les moindres recoins sans démonter les structures existantes.
Pour les planchers séparant des espaces chauffés et non chauffés, l'insufflation entre solives constitue également une solution efficace et peu intrusive. La mise en œuvre nécessite la création d'ouvertures temporaires pour l'injection du matériau, puis leur rebouchage soigné. Cette technique permet de conserver les planchers d'origine, souvent remarquables, tout en améliorant significativement l'isolation thermique et acoustique. Pour garantir la pérennité de l'intervention, une attention particulière doit être portée à la gestion des points singuliers et à la préservation de la ventilation naturelle des bois de structure.
Systèmes de chauffage compatibles : pompe à chaleur basse température et plancher chauffant hydraulique
Le choix du système de chauffage pour un bâtiment ancien doit tenir compte de ses spécificités architecturales et de son comportement thermique particulier. Les pompes à chaleur (PAC) basse température représentent une solution intéressante qui s'adapte bien à l'inertie importante des constructions massives traditionnelles. Ces systèmes, fonctionnant à des températures d'eau modérées (35-45°C), permettent d'exploiter efficacement l'énergie renouvelable présente dans l'air, le sol ou l'eau, tout en limitant les contraintes sur le bâ
ti. Ces systèmes s'associent parfaitement avec des émetteurs à grande surface comme les planchers chauffants hydrauliques, particulièrement adaptés aux rénovations de qualité. L'eau circulant à basse température dans un réseau de tubes noyés dans une chape diffuse une chaleur douce et homogène qui correspond bien aux caractéristiques thermiques des bâtiments anciens.L'intégration d'un plancher chauffant dans une rénovation patrimoniale nécessite une étude préalable approfondie, notamment concernant la capacité des planchers existants à supporter le poids supplémentaire. Des solutions à faible épaisseur (3-4 cm) ont été développées spécifiquement pour les rénovations, permettant d'éviter les reprises importantes des niveaux de sol. Le couplage avec une régulation intelligente par zones optimise le fonctionnement du système et permet des économies d'énergie significatives tout en préservant le confort des occupants.
Un système de chauffage bien dimensionné doit s'adapter aux caractéristiques thermiques du bâti ancien plutôt que de chercher à les contrecarrer. La chaleur douce et homogène est toujours préférable aux systèmes à fort delta de température.
Ventilation contrôlée dans les bâtiments anciens : VMC hygroréglable et puits canadien
La ventilation constitue un aspect crucial et souvent négligé de la rénovation des bâtiments anciens. Ces constructions, conçues à l'origine pour fonctionner avec une ventilation naturelle, peuvent connaître des problèmes d'humidité importants suite à leur rénovation thermique. L'installation d'une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) hygroréglable représente une solution pertinente qui adapte automatiquement les débits d'air en fonction du taux d'humidité des pièces. Ce système intelligent permet d'évacuer efficacement la vapeur d'eau tout en limitant les déperditions thermiques lorsque la ventilation importante n'est pas nécessaire.
Le puits canadien, également appelé puits provençal, constitue un complément idéal pour les bâtiments anciens. Ce dispositif géothermique utilise l'inertie du sol pour préchauffer l'air en hiver et le rafraîchir en été. L'air extérieur circule dans des conduits enterrés à environ 1,5-2 mètres de profondeur avant d'être insufflé dans le bâtiment, bénéficiant ainsi d'un prétraitement thermique naturel. Cette technique, connue depuis l'Antiquité mais modernisée, s'intègre parfaitement dans une démarche de rénovation écologique et permet de réduire significativement les besoins énergétiques tout en améliorant la qualité de l'air intérieur.
Modernisation des espaces intérieurs tout en préservant l'authenticité
La modernisation des espaces intérieurs d'un logement ancien représente un exercice d'équilibre entre adaptation aux usages contemporains et respect de l'âme du lieu. Cette transformation doit s'appuyer sur une lecture attentive des qualités spatiales existantes : proportions harmonieuses, hiérarchie des pièces, circulation naturelle de la lumière. Loin de constituer des contraintes, ces caractéristiques offrent un cadre inspirant pour une réinterprétation contemporaine de l'habitat. L'intervention architecturale vise alors à valoriser ces qualités intrinsèques tout en répondant aux aspirations actuelles en termes d'ouverture, de fluidité et de fonctionnalité.
Le défi majeur réside dans la conciliation entre les standards de confort moderne et les spécificités constructives traditionnelles. Les attentes contemporaines en matière d'espaces de vie (cuisine ouverte, salle de bains spacieuse, rangements intégrés) doivent s'adapter aux structures existantes plutôt que de les contraindre à un modèle standardisé. Cette approche respectueuse nécessite créativité et ingéniosité pour trouver des solutions sur-mesure qui transcendent la simple mise aux normes et créent une nouvelle couche d'histoire dans la vie du bâtiment.
Redistribution des volumes selon le protocole espaces anciens réinventés
Le protocole Espaces Anciens Réinventés (EAR) constitue une méthodologie structurée pour aborder la reconfiguration des logements historiques. Cette approche systématique commence par l'identification des séquences spatiales d'origine et leur logique fonctionnelle, avant d'envisager toute modification. Les circulations, l'enfilade des pièces, la gradation de l'intimité sont analysées pour comprendre la cohérence globale du lieu. La redistribution s'effectue ensuite en privilégiant les interventions réversibles qui respectent la structure porteuse et les éléments patrimoniaux significatifs.
Cette méthode préconise notamment l'utilisation judicieuse de volumes tampons multifonctionnels qui articulent les espaces traditionnels et les nouveaux aménagements. Les cloisons légères, les meubles intégrés ou les verrières intérieures permettent de redéfinir les usages sans altérer définitivement la lecture spatiale d'origine. Le protocole EAR encourage également la valorisation des hauteurs sous plafond par des aménagements à différents niveaux, créant ainsi des espaces différenciés sans cloisonnement massif. Cette approche subtile permet d'adapter l'habitat aux modes de vie contemporains tout en préservant l'essence architecturale du lieu.
Intégration discrète des réseaux électriques et domotiques
L'installation des réseaux électriques et des systèmes domotiques dans un bâtiment ancien requiert une planification minutieuse pour éviter d'endommager les éléments patrimoniaux. Les techniques d'intégration discrète privilégient les cheminements dans les zones déjà modifiées ou dans des éléments rapportés comme les doublages, les plinthes techniques ou les faux-plafonds partiels. L'utilisation de micro-saignées guidées par imagerie thermique permet de limiter les interventions dans les maçonneries historiques tout en assurant une distribution électrique conforme aux normes actuelles.
Les technologies sans fil offrent des alternatives intéressantes pour la domotisation des espaces anciens. Les systèmes de type EnOcean, fonctionnant sans pile grâce à la récupération d'énergie cinétique ou solaire, permettent d'installer des commandes d'éclairage ou de volets sans travaux de câblage invasifs. Pour l'éclairage architectural, l'utilisation de rails électrifiés discrets ou de luminaires autonomes valorise les volumes et les détails patrimoniaux sans nécessiter de modifications structurelles importantes. Ces solutions techniques, associées à une programmation intelligente, permettent d'offrir tout le confort moderne dans un cadre historique préservé.
Solutions d'aménagement pour les cuisines dans les bâtisses haussmanniennes
L'aménagement des cuisines dans les appartements haussmanniens constitue un défi particulier, ces espaces étant traditionnellement conçus comme des pièces de service restreintes. Leur transformation en lieux de vie contemporains nécessite une réflexion approfondie sur l'équilibre entre fonctionnalité moderne et respect de l'architecture originelle. La solution la plus courante consiste à réunir l'ancienne cuisine avec une pièce adjacente pour créer un espace cuisine-salle à manger ouvert, tout en préservant les éléments caractéristiques comme les moulures ou les cheminées qui témoignent de l'histoire du lieu.
Les équipements techniques peuvent être intégrés dans des mobiliers sur-mesure dont les proportions et les détails s'inspirent des boiseries d'époque. L'utilisation de matériaux nobles comme le marbre, le bois massif ou la pierre naturelle établit un dialogue harmonieux avec les matériaux historiques. Pour les appareils électroménagers, des solutions encastrées ou dissimulées derrière des façades coordonnées maintiennent une esthétique cohérente. Les îlots centraux, conçus comme des pièces de mobilier plutôt que comme des éléments fixes, permettent de préserver la réversibilité de l'aménagement tout en répondant aux aspirations contemporaines d'une cuisine conviviale et fonctionnelle.
Création de salles d'eau contemporaines dans des espaces contraints
L'intégration de salles d'eau confortables dans les logements anciens nécessite ingéniosité et précision, ces espaces étant généralement absents ou rudimentaires dans les distributions d'origine. La création d'une salle de bains contemporaine doit composer avec des contraintes multiples : surfaces limitées, hauteurs variables, présence de fenêtres ou éléments patrimoniaux à préserver. Une approche efficace consiste à concentrer les éléments techniques (alimentation et évacuation) dans une zone dédiée, souvent adossée à un mur technique ou une gaine existante, libérant ainsi le reste de l'espace pour la circulation et les équipements.
Les solutions sur-mesure prennent ici tout leur sens, avec des douches à l'italienne parfaitement intégrées au niveau du sol, des meubles vasques adaptés aux recoins ou des baignoires îlots positionnées stratégiquement pour valoriser les volumes. Les matériaux comme la pierre naturelle, le béton ciré ou les carreaux artisanaux permettent de créer un dialogue respectueux entre contemporain et ancien. L'éclairage joue également un rôle crucial, avec des dispositifs indirects qui soulignent les textures et amplifient la perception spatiale. Ces salles d'eau contemporaines, lorsqu'elles sont conçues avec sensibilité, deviennent de véritables écrins de bien-être qui enrichissent l'expérience globale du logement ancien.
Matériaux et finitions pour une rénovation respectueuse
Le choix des matériaux et des finitions constitue un aspect déterminant dans la réussite d'une rénovation patrimoniale. Au-delà des considérations esthétiques, ces choix engagent la pérennité du bâti et le confort des occupants. Les matériaux traditionnels comme la chaux, la terre crue, les pigments naturels ou les bois locaux présentent des qualités éprouvées par les siècles : régulation hygrométrique, durabilité, patine naturelle valorisante. Leur emploi dans une rénovation contemporaine assure une continuité technique et esthétique avec l'existant, tout en offrant des performances adaptées aux attentes actuelles.
Cette approche ne signifie pas pour autant un refus de la modernité. L'association judicieuse de matériaux contemporains de qualité peut créer un dialogue fécond entre passé et présent. L'acier, le verre, le béton fibré ou les résines naturelles, lorsqu'ils sont utilisés avec discernement, peuvent sublimer les éléments historiques par contraste. Cette composition harmonieuse entre tradition et innovation s'inscrit dans une démarche de développement durable qui privilégie la qualité, la durabilité et la réparabilité des matériaux, en cohérence avec les valeurs intrinsèques du bâti ancien.
Aspects budgétaires et planification d'un projet de rénovation patrimoniale
La dimension financière d'un projet de rénovation patrimoniale requiert une approche spécifique qui dépasse la simple logique comptable. L'investissement dans un bâti ancien de caractère doit être envisagé sur le long terme, en intégrant les notions de valeur patrimoniale, de qualité d'usage et de pérennité des interventions. Un budget réaliste doit anticiper la spécificité des travaux sur l'ancien : diagnostics approfondis, matériaux nobles, savoir-faire artisanaux, imprévus techniques. La planification financière gagne à intégrer des phases successives cohérentes, permettant d'étaler les investissements tout en garantissant la cohérence globale du projet.
Le phasage temporel représente également un enjeu crucial dans ce type de projet. Les interventions doivent suivre une logique technique rigoureuse, en commençant par les travaux structurels et d'assainissement avant d'aborder les aménagements intérieurs. Cette séquence permet d'observer le comportement du bâti après les premières interventions et d'ajuster si nécessaire les phases ultérieures. La coordination des différents corps de métier, particulièrement complexe dans la rénovation patrimoniale, nécessite une planification détaillée et une direction de chantier expérimentée pour éviter les reprises coûteuses et les dégradations accidentelles d'éléments à conserver.
Collaboration avec les artisans et experts du patrimoine
La réussite d'une rénovation patrimoniale repose en grande partie sur la qualité des intervenants et leur capacité à travailler en synergie. Les artisans spécialisés dans les techniques traditionnelles — tailleurs de pierre, maçons spécialistes de la chaux, charpentiers, ébénistes, ferronniers d'art — possèdent un savoir-faire irremplaçable transmis par l'expérience. Leur collaboration avec les architectes, bureaux d'études et décorateurs crée une intelligence collective au service du projet. Cette complémentarité entre expertise technique traditionnelle et vision contemporaine constitue le fondement d'une rénovation à la fois respectueuse et innovante.
La coordination de ces différents acteurs nécessite une approche humaine sensible qui valorise l'échange de connaissances et le respect mutuel des compétences. Les réunions de chantier régulières, les prototypes et échantillons, la documentation photographique des étapes clés facilitent cette collaboration. L'implication du maître d'ouvrage dans ce processus, par une présence attentive et une compréhension des enjeux patrimoniaux, renforce la cohérence des décisions et l'appropriation du projet. Cette démarche collective, lorsqu'elle est bien orchestrée, transforme la contrainte patrimoniale en opportunité créative et permet de donner une nouvelle vie aux bâtiments anciens, dans le respect de leur identité et au service des usages contemporains.